L’Assemblée plénière a donné son accord pour l’ouverture de la cause en vue d’une éventuelle béatifi
L’Assemblée plénière a donné son accord pour l’ouverture de la cause en vue d’une éventuelle béatification de Mme Elisabeth de France.
Article paru dans ZENIT du 8 novembre 2017
L ’ouverture de la cause en vue d’une éventuelle béatification de Madame Elisabeth de France (1764-1794) a été approuvée par l’Assemblée plénière des évêques de France qui s’est achevée à Lourdes ce 7 novembre 2017, indique le communiqué final des évêques.
L’enquête diocésaine sera communiqué à Rome.
Madame Élisabeth de France, sœur célibataire du roi Louis XVI, a été guillotinée, à l’âge de 30 ans, le 10 mai 1794.
Dominique Sabourdin-Perrin a résumé son histoire pour France Catholique en avril dernier.
La princesse Élisabeth, Philippine, Marie, Hélène, fille du Dauphin Louis-Ferdinand et de Marie-Josèphe de Saxe, est née à Versailles, le 3 mai 1764 et elle a été baptisée le jour même. Elle devient, avec ses 4 frères et soeur orpheline de père 1765, et de mère deux ans plus tard: elle n’a pas trois ans.
Elle est élevée par la gouvernante des Enfants de France et les sous-gouvernantes et “fait preuve d’un caractère rebelle”. Elle reçoit “une instruction très sérieuse prodiguée par des savants” et devient “une excellente mathématicienne”: “ses tables de logarithmes ont été publiées et utilisées”. Elle reçoit la confirmation le 11 août 1775, et elle communie deux jours après.
Le mercredi 16 mai 1770, la famille accueille la jeune archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche, épouse du Dauphin/ Celle-ci écrit à sa mère : « C’est une charmante enfant qui a de l’esprit, du caractère et beaucoup de grâce. »
Elle aime se rendre à Saint-Cyr ou au Carmel de Saint-Denis chez sa tante Louise, mais n’envisage pas la vie religieuse: cette excellente cavalière “a besoin de vivre au grand air”.
Ce qui frappe surtout chez elle, c’est sa bonté: “La vie de cour lui permet de soulager les détresses cachées, placer des orphelins selon leur rang, doter des jeunes filles nobles, intervenir indirectement pour les besoins de malades proches, sans compter les aides pécuniaires ou les obtentions d’offices ou promotions de carrière. Dans son domaine de Montreuil, elle visite pauvres et malades, écoute les gens du peuple.La renommée de la « Bonne Madame Élisabeth » se répand, comme en témoigne la romance du Pauvre Jacques, son vacher”, souligne Dominique Sabourdin-Perrin.
Mais les soubresauts avant-coureurs de la Révolution se font ressentir: “Dès le 14 juillet, elle comprend les dangers qui menacent sa famille et prend la ferme décision de rester près de son frère et des siens. Les 5 et 6 octobre 1789, elle partage les dangers, s’installe aux Tuileries, où elle soutient le moral du roi et de la reine. Lorsque le 10 février 1790, Louis XVI renouvelle le vœu de Louis XIII à Notre-Dame de Paris, Madame Élisabeth conçoit l’idée de fonder une association de prières et de sacrifices pour obtenir la protection de la France et la réalise.”
Elle va jusqu’à offrir sa vie pour Marie-Antoinette: “Puis, raconte la même source, c’est le départ pour Varennes, l’arrestation, la monarchie constitutionnelle, l’insurrection du 20 juin 1792 au cours de laquelle Élisabeth offre sa vie, se faisant passer pour Marie-Antoinette, la protégeant de la violence populaire. Deux mois après, le 10 août 1792, a lieu le sac du château et la famille royale réfugiée dans le bâtiment de l’Assemblée législative devient prisonnière de la Commune de Paris. Madame Élisabeth, malgré le souhait répété du roi de la voir partir, décide, pour la troisième fois, de rester auprès de son frère et devient prisonnière dans la tour du Temple, le 13 août 1792.”
L’auteur raconte: “Elle s’abîme dans la prière, récite quotidiennement : « Que m’arrivera-t-il aujourd’hui… rien que vous n’ayez prévu de toute éternité. Je m’y soumets… » Tous comprennent qu’elle est devenue le soutien de la famille, permettant à Louis XVI de recevoir l’abbé Edgeworth, de se confesser, de communier avant de mourir, s’occupant de sa belle-sœur affaiblie, de sa nièce qu’elle prépare à rester seule, mais au détriment de sa santé. Madame de Bombelles écrit, le 22 avril 1793 : « sa maigreur est, dit-on, effrayante, mais la religion la soutient ; elle est l’ange consolateur de la Reine et des enfants ».”
Les événements s’accélèrent: “Le 2 août 1793, la reine part pour la Conciergerie. Puis le 9 mai 1794 c’est le tour de Madame Élisabeth, d’un procès préfabriqué sans contact avec son avocat, Chauveau-Lagarde. Condamnée à mort avec vingt-quatre victimes, elle les aide à se préparer à mourir, et sauve la vie de la comtesse de Sérilly l’obligeant à déclarer sa grossesse.”
Et c’est l’exécution: “Sur le passage de la charrette, « le peuple l’admire et ne l’insulte point », relate le municipal Moelle. Tous les condamnés se sont regroupés autour d’elle, et à l’arrêt fatidique de la charrette, la princesse se lève la première, disant à ses compagnons : « Nous allons tous nous retrouver au Ciel ». Chacun à son tour, les femmes l’embrassent, les hommes ploient le genou, tandis que la princesse récite le De Profundis. À son tour, la dernière, tête nue, elle gravit avec fermeté, les marches de l’échafaud, manifeste un dernier geste de pudeur en demandant qu’on la couvre de son fichu, avant de basculer sur la guillotine.”
Un phénomène étrange se produit alors: “Les relations et Mémoires de ce temps s’accordent à dire qu’à l’instant où elle reçut le coup fatal, une odeur de rose se répandit sur la place de la Révolution. Son corps fut inhumé, dénudé, dans une fosse commune au cimetière des Errancis, aujourd’hui disparu. Son corps n’a pu être ni retrouvé ni identifié.”
Tiré de France Catholique du 25 avril 2017