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Homélie de la Messe célébrée pour Madame Elisabeth le 10 mai 2017 par l'Abbé Snoëk postulateur d


ex voto envoyé par madame Elisabeth a la cathédrale de Chartres en 1791 Ils symbolisent le vœu formé pour sauver « le roi et la famille royale » (fleurs de lys) et « l’Eglise de France » (croix).

Pourquoi célébrer le Cœur Immaculé de Marie pour cette messe pour la béatification de Madame Élisabeth ?

D’abord parce que Madame Élisabeth de manière toute spéciale a prié le Cœur immaculé de Marie,

Mais aussi parce que le cœur de Marie illustre bien ce que fut sa vie, une vie de contemplation, une vie d’amour et une vie de don de soi.

L’oraison de cette messe résonne tout particulièrement avec les deux dimensions de la vie de Madame Elisabeth :

  • sa prière

  • Son amour pour les pauvres et pour les siens au cœur de l’épreuve.

Je vous propose donc de regarder de plus près la prière au cœur de Marie de Madame Elisabeth.

1. C’est d’abord, en février 1790, une prière pour la France dans la cathédrale Notre- Dame, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire du vœu de Louis XIII,une prière pour une France déchirée,une France dans la tourmente révolutionnaire.

Toutes proportions gardées cette prière pour la France est de circonstance !

Pour Madame Elisabeth, il s’agit de renouveler personnellement la consécration de la France faite par son ancêtre Louis XIII à la Vierge Marie mais aussi de la réorienter d’une manière toute personnelle.

En effet, elle se tourne vers le Cœur de la Vierge Marie, vers sa capacité d’aimer

Elle qui aime parfaitement comme le Christ lui- même dont le Cœur est aussi brûlant d’amour pour chacun d’entre nous.

Il s’agit donc de demander à la Vierge Marie d’intercéder pour nous auprès de son fils.

Madame Elisabeth s’inscrit dans une histoire qui va d’ailleurs se développer au XIXème siècle.

Cette prière pour la France au Cœur de Jésus et au cœur de Marie qui lui est toujours associé va avoir un ex-voto extraordinaire avec le vœu national au Sacré cœur et la construction de la Basilique de Montmartre.

Sur la grande mosaïque de la Basilique figure la famille royale, dont Madame Élisabeth en adoration devant le cœur du Christ et le cœur de Marie

Le Cœur de Marie est représenté comme un miroir qui reflète les rayons jaillissant du Cœur du Christ.

En effet, Marie remplie de l’amour du Christ le transmet en abondance.

Elle se penche avec compassion sur ceux qui souffrent et en particulier sur notre pays désemparé.

Mais la prière de Madame Élisabeth s’oriente aussi de manière spécifique en ayant une attention pour les pauvres et en particulier pour les enfants.

Ainsi, elle met vraiment en pratique la pensée développée par le pape François durant l’année de la Miséricorde, « c’est en puisant dans le cœur miséricordieux de Jésus qu’on peut accomplir des œuvres de miséricorde pour ceux qui en ont besoin. »

Madame Elisabeth est particulièrement sensible au malheur des enfants.

Peut-être, elle qui fut orpheline, se sent-elle solidaire de ces enfants abandonnés ?

En ce jour de Février 1790, elle fonde donc une confrérie en l’honneur du Cœur immaculé de Marie et cette fondation va avoir une fécondité étonnante

En effet, les dames qui étaient entrées dans cette confrérie développeront son intuition en rejoignant celle du Père de Clorivière et d’Adélaïde de Cicé, fondant les filles du Cœur de Marie et le lycée parisien Carcado-Saisseval d’aujourd’hui, en est le fruit.

Elles développeront ce qu’elles ont vu faire à Madame Élisabeth dans son domaine de Montreuil où elle distribuait lait et œufs aux enfants et aux pauvres,et où avec l’aide de son médecin elle soignait les malades et les blessés, ce qui lui permettra durant les journées révolutionnaires et dans la Tour du Temple d’avoir, comme on dit aujourd’hui, « les gestes qui sauvent » pour ceux qui devant elles nécessiteront des soins.

2. Mais à cette attention aux pauvres et aux malades Madame Elisabeth va joindre le témoignage d’une foi vive

Imprégnée par la contemplation du Cœur du Christ et du cœur de Marie,

elle témoigne auprès de tous d’un Dieu miséricordieux.

Elle n’est jamais moralisatrice.

Elle est remplie de confiance dans le Seigneur, que contrairement à beaucoup elle ne regarde pas comme un juge mais comme un père qui accueille ses enfants dans son Royaume.

Elle témoigne aussi, sans cesse, d’une foi inébranlable en notre propre résurrection.

Ainsi au cœur de la tourmente révolutionnaire, elle peut réconforter ceux qui sont dans l’angoisse.

Face au danger elle est d’un sang-froid admirable, n’hésitant pas à se faire passer pour la reine menacée, ayant toujours le souci de secourir les blessés et de préserver les gardes du corps

Elle est impressionnante par sa foi en la vie éternelle sur le chemin de l’échafaud soutenant les autres condamnés comme elle l’a été aussi lors de la mort de sa nièce, la petite Sophie morte bébé.

Pour elle, la mort n’est pas la fin mais l’entrée dans une vie nouvelle où on retrouve ceux qu’on aime.

Aussi, sur le chemin de l’échafaud, elle parvient à apaiser les uns et les autres.

Elle leur montre le ciel et les incite à faire confiance à la miséricorde du Seigneur.

Comme dans tous les moments difficiles, elle ne pense qu’aux autres et son principal souci est leur salut.

Les témoins ont été frappés par la sérénité de ceux qui sont exécutés avec elle. Non seulement, elle a une foi inébranlable mais cette foi est rayonnante.

Elle la transmet aussi cette foi à sa nièce Marie- Thérèse qui a été témoin de sa prière.

Elle l’entoure aussi de son affection et lui prodigue des conseils dans tous les domaines.

Ainsi Marie-Thérèse survivra à cette terrible captivé.

broderie et lettre ayant appartenu à Mme Elisabeth

3.Et c’est bien cela la troisième dimension de sa vie spirituelle : le don total de soi.

Et les circonstances terribles de la fin de sa vie vont pousser jusqu’à l’héroïsme ce don d’elle- même, jusqu’à l’offrande de sa vie.

Cela commence par l’aide aux uns et aux autres, à la cour au château de Versailles,

où il y a bien des misères et des souffrances cachées.

Puis, dans sa famille si disparate où « elle est le bon ange » comme le disait le futur Charles X ,

elle rassemble tous et est proche de chacun, même des plus différents.

Son préféré parmi ses frères est Charles alors que rien ne les rapproche.

Mais quoi qu’on en dise, son dévouement pour sa belle-sœur est sans faille alors qu’elles ne partagent pas les mêmes options politiques et que face au danger elles n’ont pas les mêmes réactions.

Enfin ce don d’elle même, les yeux fixés sur le Christ qui donne sa vie, la conduit en pleine connaissance de cause à rester auprès du roi et de sa famille alors qu’elle est dès le début persuadée de l’issue fatale des troubles révolutionnaires.

C’est pour nous un appel sans cesse renouvelé au don de soi.

Quel que soit notre état de vie, nous sommes appelés à donner notre vie comme le Christ qui l’a donnée librement par amour pour nous.

La vie religieuse, le sacerdoce et le mariage comprennent de fait ce don de soi.

Il n’en est pas de même pour le célibat choisi ou subi.

Chacun et chacune doit alors trouver le chemin du don de soi.

C’est pourquoi, je pense particulièrement à vous les célibataires.

Pour vous, ce n’est pas facile de trouver le chemin du don de soi, et pourtant là est la clef de votre bonheur sur terre et au ciel.

Aussi je pense que Madame Elisabeth, qui a su très vite qu’elle ne se marierait pas et qu’elle n’était pas appelée à la vie religieuse, peut être un beau modèle pour vous.

Par sa vie de prière très structurée et régulière,

par sa foi inébranlable en la vie éternelle,

par son souci des pauvres et des malades et par son don d’elle-même pour les siens qui sont en danger, elle vous montre un chemin de sainteté

Mme Elisabeth distribuant du lait aux pauvres

Aussi je vous invite tout particulièrement à suivre son chemin du don de soi.

Certes, la plupart d’entre vous, je l’espère, n’auront pas à vivre les terribles événements qu’a eu à vivre Madame Elisabeth, mais sa vie peut vous guider

Et par ailleurs entrons tous, à sa suite, dans la contemplation du Cœur du Christ et du Cœur immaculé de Marie afin de parvenir à nous donner totalement quel que soit notre état de vie, à entrer dans une confiance inébranlable en la miséricorde du Seigneur et enfin remplis de L’amour du Seigneur et de la Vierge Marie, puissions-nous à notre tour comme Madame Elisabeth soutenir les autres dans la détresse, les pauvres, les malades, les enfants délaissés, notre proches dans la maladie, la vieillesse, la souffrance.

Abbé Snoëk, postulateur de la cause de béatification ,

curé de Sainte Elisabeth de Hongrie.

Sainte Elisabeth de Hongrie

10 mai 2017


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